Partir, revenir
Frédérique Bruyas lecture
Textes de Nancy Huston, Leïla Sebbar, Guillaume Apollinaire, Laurent Gaudé, Salah Al Hamdani, Mouloud Feraoun, Yachar Kemal, …
Ceux qui partent parce qu’ils sont sans avenir dans leur propre pays le font avec l’énergie du désespoir. Ils courent le risque de ne plus être de nulle part mais ils n’ont plus véritablement le choix, que les raisons soient politiques, économiques ou poétiques.
« Combien d’entre vous, partis de Hopa, de Rize, de Trabzon, de Giresun, se sont embarqués sur les bateaux de la mer Noire pour venir à Istanbul ? Avez-vous eu la curiosité d’aller jeter un coup d’œil sur les ponts de ces bateaux-là ?
Le spectacle des ponts et des soutes est une chose incroyable. Ils sont tellement encombrés qu’il est impossible d’y faire un pas. La crasse et la puanteur sont repoussantes. Tous ces gens affluent à Istanbul après avoir quitté leur village, leur pays natal, sans espoir de retour. Si on n’a pas vécu cela, on n’imagine pas combien c’est douloureux.
Ensuite, il y a les trains d’Anatolie. L’express de l’Est… J’ai voulu monter dans un de ces trains, mais les couloirs étaient si bondés que j’ai dû passer par la fenêtre. Les gens, drapés dans des couvertures, dorment entassés les uns sur les autres.
Et le voyage ne dure pas un jour ou deux, mais dix jours entiers. Pourtant, ils supportent. » Yachar Kemal
Durée : 1h