Lettres intimes

Correspondance amoureuse


Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Guillaume Apollinaire, Dylan Thomas, Edith Piaf, Gustave Flaubert, Joë Bousquet, Victor Hugo, George Sand, Alain Fournier, Napoléon Ier, …

L’amour dans les lettres se dit sur tous les tons avec l’insolence de la jeunesse, la délicatesse d’un père à sa petite fille, la tendresse du frère à la sœur, la colère dissimulée du mari soupçonneux ou la fureur de la passion. Mais elles ont toutes en commun ce que Fernando Pessoa nous murmure à l’oreille.
« Toutes les lettres d’amour sont ridicules. Ce ne seraient pas des lettres d’amour si elles n’étaient pas ridicules. Moi aussi, dans le temps, j’en ai écrit ; elles étaient, comme les autres, ridicules. Les lettres d’amour, si l’amour existe doivent être ridicules. Mais au bout du compte, ce sont les gens qui n’écrivent jamais de lettres d’amour qui sont ridicules. Comme je voudrais revenir au temps où j’écrivais sans m’en rendre compte des lettres d’amour ridicules. »

Durée : 1h

Voix humaines

Des nuances infinies


Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Pascal Quignard, Jean Giono, Fernando Pessoa, Karen Blixen, Ken Bugul, Jacques Rebotier, Charles Juliet, …

Voix lointaines qui nous parlent de l’au-delà, voix perdues qui nous soufflent à l’oreille des mélodies inouïes, voix chantantes qui ondulent en lignes montantes ou descendantes, autant de voix humaines dont la littérature exprime les nuances infinies. « Tant et tant de voix… Et à chaque voix nouvelle, ce besoin de remonter là où elle prend source. De déchiffrer ce qu’elle nous livre de l’être qui nous parle. » Charles Juliet

« Les pluies qui tombèrent me firent réaliser que ma mère était morte. Pendant ces longues et lourdes pluies diurnes et surtout nocturnes, je pleurais. Le souvenir de ma mère me hantait avec force. Quand les gros nuages remplis d’eau se bousculaient, j’avais le cœur lourd. Et je sanglotais. Je criais au milieu de la pluie. Je criais au milieu des éclairs et des grondements de tonnerre. Je me rappelais ma mère, ses chants sous la pluie. Je me rappelais ses chants où elle louait le Seigneur et clamait Sa grandeur.
Une nuit, au cours d’une de ces pluies, j’eus l’impression d’entendre une voix. C’était comme la voix de ma mère. L’impression devint réalité et la réalité fit place à la panique. C’était vraiment la voix de ma mère que j’entendais.
Ayo néné
Néné néné touti
Néné touti lo di dioy ?
Sa yaye démna Saloum
– Pourquoi pleures-tu ?
– Je ne suis plus là, mais je ne suis pas morte.
– Je suis de l’autre côté du regard. » Ken Bugul

Durée : 1h

Pages érotiques

Est-ce que c’est ça, l’amour ?


Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Baffo, Alessando Baricco, Christophe Tarkos, Junichiro Tanizaki, Camille Laurens, Pascal Quignard, Annie Ernaux, Sylvie Germain, …

Écrire ce qui relève de l’intimité des corps est une gageure pour l’écrivain. A l’intérieur de bien des livres se glissent des pages érotiques au charme sulfureux. Cela prouve certainement que l’intimité des mots écrits a une puissance d’évocation incomparable.

« Une autre particularité remarquable du pied était son talon rond et plein. Chez la plupart des femmes, il y a rupture de la ligne courant de la cheville au talon, mais il n’y avait point de heurt chez O-Fumi-San. Passant plusieurs fois derrière la jeune femme sans raison apparente, j’admirais avidement la ligne du talon que je n’avais pu observer auparavant et m’en imprégnais l’esprit à loisir. Quelle ossature, quelle chair peuvent conférer au pied un talon aussi doux, aussi long et aussi lisse ? De sa naissance à ses dix-sept ans, O-Fumi-San n’avait jamais dû marcher sur rien de plus dur que le tatami ou le futon. Je me disais en moi-même que le comble du bonheur aurait été d’être, plutôt que de mener une existence d’homme, d’être ce beau talon attaché au pied d’O-Fumi-San ou encore ce tatami que foulait la jeune femme. Si l’on m’avait demandé ce qui m’était le plus précieux en ce monde — ma vie ou le talon d’O-Fumi-San —, j’aurais répondu sans hésiter que c’était cette partie ravissante de son pied. Pour ses talons je mourrais avec plaisir. » Junichiro Tanizaki

Durée : 1h

Les cinq sens

Notre présence au monde


Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Pierre Bergounioux, Patrick Süskind, Philippe Claudel, Marcel Proust, Victor Hugo, Valère Novarina, François Rabelais, Rhadika Jha, …

Dans une époque où l’on privilégie la vue au profit des autres sens, la littérature nous rappelle qu’être présent au monde, c’est aussi trouver les mots pour décrire au plus près ce que nos sens nous apprennent de la vie qui nous entoure. « Praesens quod prae sensibus, le présent parce qu’il est près des sens. » Isidore de Séville, VIIème siècle.

« – Fie-toi à l’odeur, elle t’en dira long, dit-elle en continuant à remuer. Dans les oignons, c’est l’eau qui porte l’odeur, c’est elle qui pique les yeux et qui fait pleurer. Alors on les fait frire pour se débarrasser de l’eau.
Elle me regarda et reprit :
– D’abord, les oignons se défendent. Ils gardent leur eau, ils ont peur de mourir. Ils chantent, ils te crient dessus, ils te maudissent et ils dégagent une odeur horrible. Puis le feu et l’huile font leur travail et les oignons abandonnent la lutte. L’odeur les quitte comme le souffle quitte un mourant, et entre dans les autres ingrédients.
Elle marqua une pause solennelle avant de conclure :
– L’odeur des oignons, c’est celle de la mort. » Rhadika Jha

Durée : 1h

L’amour de la vie

Épreuves et victoires


Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Jack London, William Golding, Michel Tournier, Marlen Haushofer, Herta Müller, Jean Giono, …

Il y a des situations où le besoin crucial de choisir de vivre s’impose. Mais pour quelles raisons véritables ? La peur de mourir, certainement mais pas seulement. Il y a aussi un attachement à la Terre qui donne à chacun de ces êtres une volonté de vivre qui les fait imaginer mille détours pour continuer à sentir la lumière des jours.

« Tout de suite j’ai écrit pour la vie, j’ai écrit la vie, j’ai voulu saouler tout le monde de vie. J’aurais voulu pouvoir faire bouillonner la vie comme un torrent et la faire se ruer sur tous ces hommes secs et désespérés, les frapper avec des vagues de vies froides et vertes, leur faire monter le sang à fleur de peau, les assommer de fraîcheur, de santé et de joie, les déraciner de l’assise de leurs pieds à souliers et les emporter dans le torrent. » Jean Giono

Durée : 1h

Les chefs d’œuvre du crime

Des crimes presque parfaits

 
Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Guy de Maupassant, Alphonse Allais, Edgar Allan Poe, Roald Dahl, Marguerite Yourcenar, …

D’une façon ou d’une autre, le crime se fait voir, se fait connaître, mais combien de fois sans que personne ne comprenne ou sans que celui, ceux qui savent, osent parler ?

« Le quatrième jour depuis l’assassinat, une troupe d’agents de police vint très, inopinément à la maison, et procéda à une rigoureuse investigation des lieux. Confiant, néanmoins, dans l’impénétrabilité de la cachette, je n’éprouvai aucun embarras. Les officiers me firent les accompagner dans leur recherche. Ils ne laissèrent pas un coin, pas un angle, inexploré. À la fin, pour la troisième ou quatrième fois ils descendirent dans la cave. Pas un muscle en moi ne tressaillit. Mon cœur battait paisiblement comme celui d’un homme qui dort dans l’innocence. La police était pleinement satisfaite et se préparait à décamper. La jubilation de mon cœur était trop forte pour être réprimée. Je brûlais de dire : au moins un mot, rien qu’un mot, en manière de triomphe, — Gentlemen, — dis-je à la fin, — comme leur troupe remontait l’escalier, — je suis enchanté d’avoir apaisé vos soupçons. Je vous souhaite à tous une bonne santé. Soit dit en passant, gentlemen, voilà une maison singulièrement bien bâtie, ces murs sont solidement maçonnés ! » Edgar Allan Poe

Durée : 1h

Histoires de robes

Destins de femmes


Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Carole Martinez, Michèle Desbordes, Théophile Gautier, Anne Hébert, …

Des robes qui scellent le destin de femmes à des étapes décisives de leur existence. La petite robe fade de la future mariée qui se métamorphose sous ses doigts experts en une insupportable robe blanche qui révèle toute la médiocrité ambiante. Une robe rouge qui ne tient qu’à un fil comme la vie de cette couturière éprise de perfection. Ou la robe bleue que porta Camille Claudel quand son frère Paul vint la voir pour la dernière fois au bord de la mer. Son étoffe mouillée en garda une ligne plus foncée, mémoire de la vague au goût de sel.

« Pendant presque une semaine, à mesure que le tricot avance, la fenêtre au clair de lune découpe, chaque soir, un peu plus de l’image d’Émilie, au regard du jeune homme. À mesure que cette image en robe rose se rapproche, Gabriel a le désir plus aigu d’en voir la fin, avec les petits pieds au bas de la robe, franchissant la fenêtre.
Le tricot est terminé ! Émilie s’est surpassée. La robe est un bijou, juste à sa taille, à la fois précieuse comme une robe de gala et simple comme une parure de longs cheveux. Elle avait si hâte, elle aussi, que dix bons rangs manquent bien au bas de la jupe, lorsque, fiévreuse, elle rabat les mailles.
Gabriel approche une échelle de la fenêtre et s’empare à bras-le-corps de la jeune fille tremblante. Toute la robe corail est là, et toute la petite fille dedans, avec ses jambes fines au bas de la jupe écourtée. » Anne Hébert

Durée : 1h

La route

Lignes de vie


Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Julien Gracq, Sylvie Germain, Cormac Mc Carthy, Jack Kerouac, …

La route est un espace de rencontres, porteuse de la mémoire de ceux qui l’empruntèrent et des espoirs de ceux qui la suivent à leur tour. Ligne de vie, on s’y engage avec la détermination de ceux qui prennent la mer.

« C’était un petit chemin de terre. Il serpentait à travers la plaine, à l’écart des grandes villes. Des talus broussailleux, des peupliers et des bouleaux, des rochers le bordaient. À l’un de ses méandres il frôlait une croix de pierre au socle tout moussu. Puis il partait se perdre quelque part dans la plaine, parmi les ronces et la poussière. Exténué par tant d’immensité il finissait par se dissoudre sous l’herbe rase et les cailloux ainsi que s’effacent les morts invités par la nuit de la terre au grand mystère de la disparition. Car les chemins ont une vie, ils ont une histoire et un destin, comme les hommes, ils meurent un jour.
Leur histoire est liée à celle des hommes qui les ont tracés, à tous ceux qui les ont parcourus. Et ils ont un cœur, un cœur qui bat tout résonnant des pas des marcheurs qui les foulent. La mort leur advient lorsque tous les désertent, que nul ne se soucie plus d’eux ; leur cœur se tait quand se taisent les pas.
Les chemins ont donc aussi une âme, et ils ont une voix. Une voix très ténue qui se lève parfois et se met à chanter, au bord extrême du silence.
Elle chante, la voix des chemins, les amours, les chagrins et les joies de tous ceux qui les ont traversés et dont ils gardent la mémoire. » Sylvie Germain

Durée : 1h

Chemins d’exil

Partir, revenir

 
Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Nancy Huston, Leïla Sebbar, Guillaume Apollinaire, Laurent Gaudé, Salah Al Hamdani, Mouloud Feraoun, Yachar Kemal, …

Ceux qui partent parce qu’ils sont sans avenir dans leur propre pays le font avec l’énergie du désespoir. Ils courent le risque de ne plus être de nulle part mais ils n’ont plus véritablement le choix, que les raisons soient politiques, économiques ou poétiques.

« Combien d’entre vous, partis de Hopa, de Rize, de Trabzon, de Giresun, se sont embarqués sur les bateaux de la mer Noire pour venir à Istanbul ? Avez-vous eu la curiosité d’aller jeter un coup d’œil sur les ponts de ces bateaux-là ?

Le spectacle des ponts et des soutes est une chose incroyable. Ils sont tellement encombrés qu’il est impossible d’y faire un pas. La crasse et la puanteur sont repoussantes. Tous ces gens affluent à Istanbul après avoir quitté leur village, leur pays natal, sans espoir de retour. Si on n’a pas vécu cela, on n’imagine pas combien c’est douloureux.

Ensuite, il y a les trains d’Anatolie. L’express de l’Est… J’ai voulu monter dans un de ces trains, mais les couloirs étaient si bondés que j’ai dû passer par la fenêtre. Les gens, drapés dans des couvertures, dorment entassés les uns sur les autres.

Et le voyage ne dure pas un jour ou deux, mais dix jours entiers. Pourtant, ils supportent. » Yachar Kemal

Durée : 1h

Nouvelles étrangères

Un petit Tour du Monde littéraire

 
Frédérique Bruyas
lecture

Textes de Juan Rulfo, Mohamed Dib, Carson Mac Cullers, Camilo José Cela, Ludmila Oulitskaïa, Jorge Luis Borges, Dino Buzzati, Torgny Lindgren, Junichiro Tanizaki, Ivo Andric, Amos Tutuola, Mavis Gallant, …

Comme un petit Tour du Monde littéraire, ce programme de lectures est en constante évolution. Un voyage infini dans l’immense répertoire de littérature étrangère dont nous disposons grâce au perpétuel travail des traducteurs.

« On recense un assortiment considérable de causes dans la mort des toreros. Il y en a qui meurt parce qu’un train leur passe dessus au passage à niveau, comme Fausto Barajas. Il y en a – souvenons-nous de Nacional II – qui s’en vont vers une vie meilleure à cause d’un coup de bouteille. Il y en a qui rencontrent leur destin dans un meeting politique, comme Pucheta. Il y en a qui s’effacent de la mémoire des gens après avoir pris le maquis comme Tragabuches qui fit partie de la bande des Sept Gamins d’Ecija. Et il y en a, pour être tout à fait complet, qui agonisent dans leur lit, selon les lois de Dieu et les règlements en vigueur. Ainsi Rafael El Gallo. Il y eut aussi des toreros qui moururent sous le garrot. Mais, dans de pareils cas, il vaut mieux ne pas donner d’exemples. » Camilo José Cela

Durée : 1h