J'avais quelque chose d'important à vous dire

J’avais quelque chose d’important à vous dire

Raconter la vie


Frédérique Bruyas
lecture – Adrien Frasse-Sombet violoncelle

Textes extraits de Un chemin de tables (Maylis de Kérangal), Un homme à la crèche (Thomas Grillot), La vie en boîte (Catherine Rollot), L’homme-océan (Sylvie Caster), Le corps des autres (Ivan Jablonka)…
Musique Jean Sébastien Bach, Thierry Machuel, Georges-Robert Vallée et improvisations

Pierre Rosanvallon a compris avant tout le monde que la société française a profondément changé. De nouvelles manières de vivre et de travailler ont émergé, fragmentant et isolant ceux qu’il nommait déjà « les invisibles ». « Le parlement des invisibles » sera d’ailleurs le premier titre d’une collection « Raconter la vie » qu’il crée en 2014 aux Éditions du Seuil.
Livre-manifeste, la ligne éditoriale se propose de donner la parole aux invisibles pour lutter contre l’ignorance d’autrui et faire le pari d’une démocratie narrative.
Romanciers, jeunes chercheurs en sciences sociales, journalistes se mettent à l’écoute et se font les porte-paroles d’une réalité sensible.

Au collège, Natalia voulait être esthéticienne. Elle a fait son stage de troisième chez BODY’minute. Comme ses professeurs, les employés lui disaient : « Tu es intelligente, tu lis des livres, fais autre chose ! »
Aujourd’hui, dans une soirée ou un dîner, il arrive que les gens lui demandent ce qu’elle fait dans la vie. Après un moment d’hésitation, elle répond. La plupart du temps, son métier n’intéresse personne et on change rapidement de sujet. […] Parfois, elle essuie des moqueries : « Alors, t’as épilé des culs, t’as fait des pieds pourris ? »
Natalia répond qu’elle prend soin des autres, comme pourrait prendre soin de ses patients une infirmière. Une infirmière n’est pas dénigrée, alors qu’elle fait des lavements et des toilettes intimes. « C’est peut-être bête de poser du vernis, mais la cliente arrive avec des ongles moches, elle ressort avec des ongles beaux, qui ont une belle forme, une couleur et elle est contente. Il y a des clientes un peu dépressives, qui sont complètement seules, qui ont perdu leur boulot et, quand elles sortent de l’institut, elles sont métamorphosées : le fait de pouvoir parler, le fait que quelqu’un se soit occupé d’elles. » Et Natalia conclut : « J’ai honte de dire aux gens que je suis esthéticienne et j’ai honte d’avoir honte. »

Le Corps des autres de Ivan Jablonka
(Éditions du Seuil « Raconter la vie », 2015)

adrien-frasse-sombetAdrien Frasse-Sombet
Violoncelliste virtuose, Adrien Frasse-Sombet a toujours voulu faire partager sa passion du violoncelle et de la musique instrumentale au public le plus large. Après avoir travaillé avec les plus grands violoncellistes, remporté de nombreux concours et donné d’innombrables concerts, il n’a de cesse de transmettre ses émotions musicales avec l’aide de son instrument, conçu en 1710, à Venise, par Matteo Goffriller. Ce jeune violoncelliste veut briser les frontières qui entourent encore le violoncelle, en allant vers le public dans d’autres lieux d’écoute que les salles de concert ou grâce aux nouveaux moyens de communication. Récemment, il s’est rendu en Chine, dans le cadre des rencontres « France – Chine », invité par Pierre Cardin, membre de l’Institut de France. Il a participé aux émissions d’Eve Ruggieri (Antenne 2), Stéphane Bern (France Inter) et Gaëlle Le Gallic (France Musiques).
http://frassesombet.wix.com/frasse-sombet

Durée : 1h