Vies de femmes russes

Des âmes fortes


Frédérique Bruyas
lecture – Bielka lecture et chant en russe

Textes de Véra Pavlova, Anna Akhmatova, Barzou Abdourazzoqov, Ludmila Oulitskaïa, Marina Tsvétaeva, Maxime Gorki, …

Les femmes russes sont douées d’une force héroïque qui leur fait endurer la dictature politique et celle des mœurs avec un sens de l’humour et du tragique dont elles seules sont capables.

Lorsque, au lieu d’Alexandre, le fils désiré, réclamé, presque commandé au destin, vint au monde une fille, moi, rien que moi, ma mère ravala un soupir avec dignité et dit : « Du moins, elle sera musicienne. » Et lorsque le premier mot manifestement absurde mais tout à fait distinct que je prononçai avant d’avoir un an fut « gamme », ma mère se contenta de réaffirmer : « Je le savais bien » et entreprit aussitôt de m’apprendre la musique, me chantant sans cesse cette gamme : « Do, Moussia, do, et ça c’est ré, do-ré… » Ce do-ré se transforma bientôt pour moi en un livre énorme, la moitié de ma propre taille, un « rivre » comme je disais alors, son « rivre » à elle, avec un couvercle sous le mauve duquel l’or perçait avec une force si effroyable, que jusqu’à présent j’en ressens en un coin secret, le coin d’ondine de mon cœur, la chaleur et l’effroi, comme si, ayant fondu, cet or sombre se fût déposé tout au fond de mon cœur et que de là, il s’élevât au moindre contact pour m’inonder tout entière jusqu’au bord des paupières et m’arracher des larmes brûlantes.
Marina Tsvétaeva

bielkaBielka
Chanteuse, musicienne et comédienne, Bielka est aujourd’hui une des plus grandes ambassadrices des musiques populaires de Russie. Chanteuse cosmopolite, elle sait faire entendre la musique des mots, des langues russe, tzigane ou yiddish.
Son amour pour sa langue maternelle, qu’elle n’a jamais cessé de chanter et de parler, et sa rencontre avec la lectrice Frédérique Bruyas sont à l’origine de cette lecture à deux voix qui mêle à son répertoire musical traditionnel quelques pages magnifiques de la littérature contemporaine russe.
www.bielka.org

Durée : 1h

Turbulences boréales

L’imaginaire scandinave


Frédérique Bruyas
lecture – Marit Refsnes lecture en norvégien

Textes de Knut Hamsun, Torgny Lindgren, Tarjei Vesaas, Arto Paasilinna, Karen Blixen, …

Des personnages dont l’intimité avec les forces vives de la nature détermine la complexité de leur humanité.

Elle songea que si elle allait maintenant avec le meunier, il en naîtrait forcément un enfant. Elle aurait un bébé dès la première fois. Elle n’était pas dans une période sûre. Et les femmes avaient-elles jamais des périodes sûres, vraiment sûres ? Un homme aussi grand, il suffit qu’il vous touche une fois pour que vienne un enfant. Un garçon. Elle n’osait même pas vraiment y penser. D’abord le ventre commence à grossir et dès l’automne il devient difficile de rouler à bicyclette. L’Association des clubs ruraux ne lui accorderait pas de congé dans un cas pareil. Heureusement que son père était tombé pendant la guerre d’Hiver, il ne le supporterait pas.
Arto Paasilinna 

marit-refsnesMarit Refsnes
Traductrice et lectrice norvégienne. Originaire d’Oslo, elle pratique tout un spectre de traductions et se passionne pour la littérature contemporaine. Elle est soucieuse de transmettre le plus authentiquement possible l’essence du texte dans ces deux arts que sont traduire et lire à voix haute.

Durée : 1h

Lectures transatlantiques

France USA une histoire partagée


Frédérique Bruyas
lecture en français et en anglais

Textes de Martin Luther King, Richard Brautigan, Jack Kerouac, Georges Pérec, Joe Brainard, Leslie Kaplan, Allen Ginsberg, Jacques Rebotier, Henry Miller, …

Des auteurs américains et français qui se sont inspirés les uns des autres et qui plus largement ont partagé une histoire commune, celle des deux guerres mondiales ou de mai 68.

I remember the day Marylin Monroe died.
Je me souviens quand il y avait des petits autobus bleus à tarif unique.
I remember when Negroes had to sit at the back of the bus.
Je me souviens quand les voitures pouvaient klaxonner, et des klaxons qui faisaient « rheuh-rheuh ».
Je me souviens d’un fromage qui s’appelait « la Vache sérieuse » (« la Vache qui rit »  lui a fait un procès et l’a gagné).
I remember peanut butter and banana sandwiches.
Je me souviens qu’un des trois petits cochons s’appellent Naf-Naf, mais les autres ?
I remember laundromats at night all lit up with nobody in them.
Je me souviens du jeu « Enrichissez votre vocabulaire » dans le Reader’s Digest.
Je me souviens de la Baie des Cochons.
Je me souviens des Deux-Ânes et des Trois-Baudets.
I remember the horse lady at the fair. She didn’t look like a horse at all.
Je me souviens du dentifrice « Email diamant » avec son toréador chantant.
I remember being disappointed the first time I got my teeth cleaned that they didn’t turn out real white.
Je me souviens que le quatre-quarts doit son nom au fait qu’il est composé d’un quart de lait, d’un quart de sucre, d’un quart de farine et d’un quart de beurre.
I remember stories about what goes on in restaurant kitchens. Like spitting in the soup. And jerking off in the salad.
Je me souviens de Mai 68.
Joe Brainard & Georges Perec

Durée : 1h

In caso de amor

Passions italiennes


Frédérique Bruyas
lecture – Frida Morrone lecture en italien

Textes de Dino Buzzati, Elsa Morante, Italo Calvino, Roberto Mussapi, …

L’amour adolescent, celui de la maturité ou encore celui qui plonge ses racines dans un passé fantastique voire mythologique peut souffrir des mêmes embrasements dont il jouit dans le même temps.

– Pourquoi me fais-tu souffrir ?
– Parce que je t’aime.
– Non, tu ne m’aimes pas. Quand on aime, on veut le bonheur, pas la douleur.
– Quand on aime, on ne veut qu’une seule chose : l’amour, même au prix de la douleur.
– Alors, tu me fais souffrir tout exprès ?
– Oui pour m’assurer de ton amour.
– La douleur est un sentiment négatif.
– L’amour est tout.
– La douleur doit être combattue.
– L’amour ne se refuse à rien.
– Il est des choses que jamais je n’admettrai.
– Mais si, tu les admets, puisque tu m’aimes et que tu souffres.
Italo Calvino

 
Frida MoronneFrida Morrone
Née à Milan, Frida Morrone est passionnée d’art depuis son enfance. En 2000, elle associe sa passion à son goût naissant pour le conte et met en scène, dans les musées d’art, les histoires que représentent les œuvres. Plusieurs « balades contées au musée » voient ainsi le jour au Musée du Louvre, au Musée Gustave Moreau…

Depuis, elle monte des spectacles inspirés par la mythologie gréco-romaine et la tradition orale méditerranéenne. Seule ou accompagnée de musiciens et de plasticiens, elle fait danser la parole avec des gestes et des images, ses histoires sont des voyages au bout du monde rythmés de chansons et de paroles italiennes.

 

 Durée : 1h

Dans le ventre des espagnols

Fantaisies baroques


Frédérique Bruyas
lecture – Juliette Piedevache lecture en espagnol

Textes de Federico Garcia Lorca, Mercè Rodoreda, Emilia Pardo Bazán, Camilo José Cela, Léo Ferré, Lydie Salvayre, …

Une poésie baroque se dégage de chacun des personnages dont la vie rêvée prend des allures grotesques et sublimes.

Pour la tauromachie, il en va de même. Il suffit que le torero se montre pour que le taureau, si c’est un taureau qui se respecte, qui connaît les règles du jeu, fasse le reste. Le Torero de Salon, lui, ne bénéficie pas d’une telle aide. Il lui faut être, en plus de torero, un véritable artiste dramatique. C’est beaucoup moins naturel de crier « Passe, taureau ! » à une chaise immobile que de le dire à un véritable taureau qui, parfois, passe si promptement qu’on n’a pas le temps de finir sa phrase.
Sans taureau, c’est très compliqué d’avoir l’air… Bien plus que sous la charge de l’animal, même si on doit rentrer le ventre. Là, on dit « hé taureau ! », et il vient… On n’a plus, alors, qu’à s’écarter. Si on ne s’écarte pas, c’est lui qui vous enlève du milieu. C’est pire, bien sûr, mais c’est encore plus facile. Si à la place d’un taureau en chair et en os on prend un fauteuil à bascule, un bidet portatif, une table de nuit en marbre ou une machine à coudre, on pourra dire « hé taureau ! » tant qu’on voudra, il ne bougera pas d’un pouce. Il faudra se résoudre à faire tout soi-même, jusqu’à la cabriole finale.
Camilo José Cela

Juliette PiedevacheJuliette Piedevache
Comédienne franco-espagnole, spécialiste des œuvres de Federico García Lorca. Elle a travaillé en Espagne (Séville et Madrid), en Bolivie, en Azerbaïdjan, au Monténégro…
Au sein de la compagnie La moindre des choses, dirigée par François-Xavier Frantz, elle participe comme dramaturge et comédienne à la création des œuvres de Schwab, Pasolini, Edouard Dujardin. Elle a adapté et mis en scène Le Chien du jardinier de Félix Lope de Vega en langue espagnole.

Durée : 1h

Les mondes de Murakami

Personnages fabuleux de Haruki Murakami


Frédérique Bruyas
lecture – Yumi Fujitani danse

Textes extraits de Danse, danse, danse, Kafka sur le rivage, Après le tremblement de terre, Saules aveugles, femme endormie, …

Chacun porte en lui un rêve inaccessible qui se cristallise parfois dans la création d’êtres tutélaires comme L’Homme-mouton, L’Homme de glace ou encore Crapaudin, une grenouille géante qui doit sauver Tokyo d’un anéantissement total.

Ou bien tout cela n’était-il qu’une partie d’un long rêve éveillé ?
Ce que nous voyons avec nos yeux n’est pas forcément la réalité.
De toute façon, ce violent combat s’est déroulé dans votre imagination.
Haruki Murakami

yumi-fujitaniYumi Fujitani
Danseuse butō de la troisième génération et chorégraphe de renommée internationale, elle a développé sur cet art une réflexion et une approche originales en expérimentant de nouvelles formes d’expressions corporelles, notamment à travers le masque, l’art du clown, la création vidéo et la littérature. Ce qui motive son travail aujourd’hui, c’est d’explorer le corps physiologique. Elle a inventé sa façon d’enseigner et dans ses trainings, elle parle de ce corps physiologique qui révèle notre animalité. Yumi Fujitani n’apprend pas à imiter l’animal mais à se servir de lui pour changer l’état de son corps.
www.yumifujitani.net

Durée : 1h